Menu
MOUEZH BREIZH, LA VOIX DE LA NATION BRETONNE

L’État français contre les langues « régionales ».


Rédigé le Vendredi 17 Mai 2024 à 12:31 | Lu 4 commentaire(s)



in War Raok ! - n° 61 - Août 2021

 

Après un vote favorable de l'Assemblée nationale en deuxième lecture, le Parlement français adopte une proposition de loi portée par le député morbihannais Paul Molac, une loi audacieuse afin de protéger et de promouvoir les langues des peuples. Malgré l’opposition du gouvernement, des députés de la majorité et des traditionnels talibans de cette « France insoumise », gardiens des Tables de la loi jacobine et défenseurs d’un impérialisme d’un autre âge, la loi est adoptée. A noter quand même l’absence remarquée, la fuite en avant des députés du RN… Un excès de courage probablement !

C’est voté, c’est historique  !

Les Bretons, une fois de plus indûment naïfs, se sont réjouis trop tôt ! En effet, c’était sans compter sur les armes qui restaient entre les mains de nos braves républicains intégristes, notamment le Conseil Constitutionnel chargé de vérifier si une loi est bien conforme à la constitution française. 

Après un premier passage par l’assemblée nationale puis par le sénat, l’enjeu était de rétablir les deux principaux amendements de la loi supprimés en commission : la reconnaissance de l’immersion en langues régionales dans le public et l’obligation pour les maires de verser le forfait scolaire aux écoles associatives immersives. Un des principaux articles visé par l’amendement gouvernemental était l’article 2 ouvrant la voie à l’enseignement immersif en langue régionale dans l’enseignement public. Cet article de la proposition de loi autoriserait ainsi pour la première fois l’enseignement immersif dans les écoles, collèges et lycées publics. Il était jusqu’ici réservé aux établissements privés. L’autre amendement incriminé était l’instauration du forfait scolaire pour les écoles associatives et l’obligation des communes, n’ayant pas d’offre en langue bretonne, de payer le forfait scolaire des enfants contraints d’être scolarisés à plusieurs kilomètres de leur domicile. La loi sera finalement adoptée à une large majorité : 247 voix pour et seulement 76 contre. La quasi-totalité des députés bretons présents ont voté pour, le restant s’étant abstenu.

L’article L. 312-10 du Code de l’éducation qui ne prévoyait que deux formes d’enseignement des langues régionales, l’enseignement de la langue et de la culture régionales, d’une part, l’enseignement bilingue en langue française et en langue régionale, d’autre part, se trouve modifié pour ne pas dire enterré.

Si plusieurs réseaux d’écoles proposent actuellement un enseignement immersif, notamment les écoles Diwan pour l’enseignement en breton, Bressola pour l’enseignement en catalan, Calandreta pour l’enseignement en occitan, Scola Corsa pour l’enseignement en corse ou encore Seaska pour l’enseignement en basque, les filières d’enseignement immersif peuvent être proposées maintenant aux établissements publics au côté des filières « classiques ». 

Mais, comme cela est mentionné précédemment, c’était sans compter sur les intégristes et autres phalanges rouges de l’impérialisme jacobin français. Combattue depuis le début par le gouvernement du premier ministre et de son fidèle serviteur le ministre de l’Éducation nationale, monsieur Michel Blanquer, la loi de Paul Molac était contestée et à quelques heures de l’échéance de sa promulgation, 61 parlementaires coiffés de leur bonnet phrygien saisissaient le Conseil Constitutionnel afin de la faire modifier voire annuler. Le Conseil avait deux mois pour se prononcer… et aujourd’hui nous en connaissons le triste et affligeant verdict !


L’État français ne sauvera jamais les langues des peuples qu’il emprisonne

Le combat ne doit pas s’arrêter là car nous sommes encore bien loin du compte et beaucoup reste à faire. Les politiques linguistiques portées par les collectivités locales en Bretagne sont loin d’être à la hauteur. Il  faudra continuer à lutter pour que la langue bretonne devienne officielle, c’est-à-dire qu’elle puisse être utilisée dans tous les domaines de la vie publique. Il faudra augmenter massivement les budgets consacrés à la langue bretonne (1) et mettre en place des politiques linguistiques en mesure de porter leurs fruits, à l’instar de celles mises en place dans d’autres pays européens : Écosse, Catalogne, Pays de Galles, Pays Basque… 

Pour conclure, tant que la langue bretonne ne sera pas enseignée de façon obligatoire dans toutes les écoles de Bretagne, elle continuera, lentement mais sûrement, à disparaître. C’est la seule et unique solution afin que notre langue reste vivante pour les générations futures. Tout le reste n’est que bricolage et soins palliatifs. Par ailleurs, ne pas commettre l’erreur de séparer le « culturel » du « politique », et seul un statut de très large autonomie politique, voire d’indépendance, pourra sauver notre langue. C’est à nous, Bretonnes et Bretons, de prendre en mains le sort de notre langue. Aujourd’hui on le laisse entre les mains de ceux qui procèdent, depuis toujours, à un véritable génocide culturel.  

Attention, il viendra un jour où nous devrons cesser de mendier notre droit à l’existence ! 

 

Meriadeg de Keranflec’h


Note :

  1. La région (bidon) Bretagne et son Président socialiste ne consacrent en 2021 que 0,47% du budget global  aux soins palliatifs prodigués. Évidemment impossible de sauver la langue bretonne dans de telles conditions.



Dans la même rubrique :
< >

Jeudi 29 Août 2024 - 08:43 Sonerezh hag hengounioù pobl e Breizh

Jeudi 29 Août 2024 - 08:38 La bataille de Trans-la-forêt



War Raok n° 70 - Été 2024


Éditorial


29/08/2024

Souscription permanente

Souscription permanente !

War Raok est une revue bretonne moderne libre et indépendante. 
War Raok affiche fièrement une attitude dissidente indispensable à l’éveil du peuple breton et à la renaissance d’une identité forte. 
War Raok
 c’est un véritable outil de démocratisation et de libération des esprits du formatage de l’idéologie unique.
War Raok c’est l’émancipation des intelligences, la voix d’une nouvelle résistance… le porte-drapeau de la nation bretonne.

Voilà le choix de la revue. Mais ce choix de l’indépendance, notamment financière, face au blocus de la presse aux ordres et de la police de la pensée, n’est pas sans conséquence. Sans moyens financiers, autre que la démarche militante des abonnés, le combat est inégal. Aussi, afin d’assurer une publication régulière et de qualité, l’ouverture d’une souscription permanente est le meilleur moyen de conforter la pérennité de notre existence.
Merci d’avance, Bretons et amis de la Bretagne, pour votre soutien.

 

Par courrier : WarRaok
50 bis avenue du Maréchal Leclerc
Appartement 203
35310 MORDELLES.


WR
24/04/2024

Facebook



Partager ce site
Facebook
Twitter
Mobile
Rss